jeudi 24 avril 2014

"Pumps and circonstances" pour le dernier livre de Sylvie Germain



Faire partie d'un jury de lecture est parfois une épreuve.
Jusqu'alors, j'avais eu du plaisir à lire les livres proposés, avec des nuances, bien sûr, mais j'avais gardé celui qui m'inquiétait le plus pour la fin, "les petites scènes capitales" de Sylvie Germain.

Pour me rassurer, j'avais lu une grande partie des critiques de ce livre, toutes plus dithyrambiques les unes que les autres, de l'Huma à l'Express, de Bernard Pivot à bien d'autres.

Sylvie Germain, j'avais adoré un de ses premiers livres, "l'enfant méduse', en 1991, dont le style, l'audace et le ton m'avait fascinée.
Puis, de livre en livre, j'avais laissé tomber, lassée par le style me paraissant de plus en plus ampoulé (je vieillissais sans doute) et les histoires de plus en plus évanescentes.. ne servant que de prétexte à l'écriture.

Donc, j'ai lu le bouquin en question.

Et franchement, j'ose l'avouer, je n'aime pas du tout, mais alors pas du tout!!
Ca se veut sensuel, émouvant, élégant, élaboré.. et cela me semble un ramassis de jolies phrases, bien tournées, où le nombre d'adjectifs et de synonymes remplacent le style.
Un exemple, pour décrire un arbre, cela donne ceci:
"Son écorce est brunâtre, sillonnée de crevasses et rugueuse au toucher. Les feuilles plates et trapues, sont infusées de lumières, saturées de jaune franc; certaines sont tachetées de rouge-orangé, à peine. Au moindre souffle de vent, le feuillage frémit et répand une formidable sonnaille de jaune, un cliquetis d'or , de soufre, de paille et de safran. Barbara est saisie d'une allégresse aussi plein et aussi nue, aussi pure que cette trémulation de lumière."

Le pompon pour moi étant cette phrase à rallonge que je suggère à un examinateur sadique de donner comme explication de texte à un pauvre candidat au bac:

" Et Paul dans son rêve s'est éveillé, il s'est levé au-dedans de lui-même, il a su qu'il rêvait et que ce rêve était une traversée en profondeur, qu'il était convoqué dans une trouée de sa conscience, aux confins de la lucidité et de l'extravagance, de l'onirisme et de la clairvoyance. Il a regardé couler la phrase scandée de virgules et de points comme autant d'herbes, de branches et de racines livrées au courant. Scansion légère qui ne retient pas les mots, leur impose juste quelques ondulations, un discret ralentissement"
Et il y en a des pages et des pages...

Du coup, pour me laver la tête, je suis allée au ciné... voir "qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu"..et je n'ai pas honte de dire que j'y ai ri!

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