mercredi 20 juin 2018

Ciboulette au pays des merveilles: gastronomie!

La gastronomie iranienne mérite un post à elle seule, tant elle offre de raffinements et de surprises au palais.

Mettons la table tout d'abord: assiette, verre, fourchette,cuillère à soupe, petite cuillère.. et pas de couteaux.



Normal, la cuisinière aura eu la prévenance de tout préparer en petites bouchées.. Et comme les iraniens sont encore plus prévenants, ils nous amèneront en catastrophe les couteaux qui nous manquent tant pour pousser notre nourriture dans la fourchette, maladroits que nous sommes!

Inutile de le préciser, pas d'alcool (n'oublions pas qu'en plus nous étions en période de ramadan), mais de l'eau, de l'eau de rose (!!), des bières sans alcool,des jus de fruits et du coca!


Passons au repas, qui commencera toujours par une soupe, puis des salades de crudités.
Pour accompagner, du pain, bien sûr, mais pas n'importe quel pain!



Un pain au levain cuit dans un four en terre tel que celui-ci:



Arrivent ensuite,  accompagnés de riz divers, nature, au safran, ou aux graines,une multitude de plats auxquels nous goûterons.. et nous régalerons!
Surprise: les plats ne sont pas vraiment salés ni piquants, mais ils sontdélicatement parfumés grâce à de nombreuses épices, dont le fabuleux safran, bien sûr..


Vous avez sur cette table, du pain, du riz, des poivrons farcis, 4 viandes en sauce: à la prune, coing, grenade et aubergines, un régal!

Pas vraiment de fromage, si ce n'est une sorte de feta très salée, et pour dessert, des fruits: pastèque, abricots..

A la fin du repas, il nous sera proposé du thé, ou du café, mais attention, ce ne sera que du Nescafé!
J'ai donc carburé au thé, délicieux au demeurant, pendant tout le séjour.

Nous avons également goûté  le Dizi, un plat traditionnel perse, sorte de pot au feu très élaboré et très longuement mijoté, dont on sert le bouillon à part dans un bol avec des tranches de pain, et dont on écrase le reste dans son bol avec un pilon!


Je craignais un peu ce plat lorsque le guide nous a expliqué de quoi il s'agissait, parce que, manger du pot au feu après une soupe par 38° à l'ombre, je ne le sentais pas, et bien, sincèrement, j'ai fini mon plat tant il était délicieux!

Là, il faut rajouter un chapitre sur les desserts.
Certes, il nous était régulièrement servi des fruits à la fin du repas.
Mais, c'est que les gâteaux se dégustent plus tard, et quelles pâtisseries: choux à la crème, gâteaux traditionnels, glaces à la rose..


Les pâtisseries ont d'ailleurs pignon sur rue, et il faut faire la queue pour faire ses provisions pour le goûter!


Vous me connaissez, je ne suis pas vraiment bec sucré.. mais j'ai goûté à tout!
Dans le domaine du sucre, j'avoue avoir craqué pour les dattes, fondantes et moelleuses..
Nous en avons ramené un kilo, mais je doute qu'il en reste pour la venue de nos visiteurs cet été!



Mais, le must, en terme de grignotage, pour moi, ce furent.. les pistaches!
J'ose à peine l'avouer, j'en ai acheté près de 3kgs..




J'ai craint un moment d'avoir pris quelques kilos supplémentaires, même si cette affiche tentait de me rassurer:

Pas pris un gramme!

Maintenant, imaginez: c'est le soir, vous dînez dans un jardin, il fait bon, des oiseaux gazouillent, les familles sont réunies, un musicien chante et danse, et vous vous régalez...


N'est-ce pas un avant-goût du paradis?

lundi 18 juin 2018

Ciboulette au pays des merveilles: mode.

Chose promise, chose due.
Après un court intermède passé chez mes parents en Dordogne, me voilà de retour pour commenter mon voyage en Iran.

Je vous avais promis un article sur la mode, le voici.

Pour les hommes, rien de plus simple: un pantalon et un chemise (ou t.shirt) sont admis.
Mais attention, pas de short ni de bermuda, cravate déconseillée.
( ci-dessous, un vieux monsieur en train de danser et de chanter avec ses potes)


Le port de la barbe semble l'apanage des religieux.



 La majorité de la population masculine arbore la moustache.

Dans la jeunesse toutefois, le sentiment de révolte anti-système se manifeste par un visage totalement glabre, et des coiffures assez improbables collées à force dose de gel, du plus bel effet..
Visez ci-dessous un jeune homme posant pour une pub de vêtements de sport..


Passons maintenant au chapitre de la mode féminine..

C'est simple: à l'extérieur, il n'y en a pas vraiment,  et si nous sommes partis avec cette image-là en tête,  nous en avons croisé beaucoup:




Mais il ne faut pas croire que toutes les femmes sont vêtues de noir, certaines sont même d'une rare élégance, tout en respectant le code vestimentaire, qui n'interdit d'ailleurs ni maquillage, ni vernis à ongles.



Dans les souks, nous avons pu trouver des tenues d'intérieur, franchement... très démodées!


Et surprise,  dans les campagnes, on trouve ce type de tenue très coloré:


Maintenant, si nous avons pu nous déplacer avec nos étoles sur la tête et nos amples chemises colorées sans problème, la visite des mosquées s'est révélé très réglementée!

Pour entrer, tout d'abord, il nous a fallu passer par ce sas:



Où de charmantes dames à l'air un peu sévère vous engloutissent sous un drap nylon à capuche, pas noir, mais fleuri, et vous sortez de ce vestiaire en vous sentant transformée en sac à patates (un peu long, qui plus est, on se prend les pieds dedans).


Voici donc la photo tant attendue: celle du groupe visitant le mausolée de Fatima de Qom, sous la houlette d'un imam s'exprimant en un anglais parfait,pour  nous expliquer que cette deuxième ville sainte du chiisme était consacrée à  Fatima, soit à une femme, morte en 816, fille du 7ème imam, et soeur du 8ème, ouf!
Comme à Lourdes, les gens viennent à Qom en pèlerinage  car elle y accomplit de nombreux miracles et intercède pour vous dans vos prières auprès d'Allah.

Je reconnais que je ne m'attendais pas à entendre un imam me parler de Bernadette Soubirous en Iran!
Au passage, j'ai appris qu'il y a également des femmes imams dans la religion chiite..

Attention, si on ne porte pas une tenue correcte, ce gardien saura vous pointer de son plumeau (il n'a pas le droit de vous toucher) pour vous remettre dans le droit chemin!



J'avoue n'avoir trouvé qu'un avantage au fait de porter un machin sur la tête: celui de pouvoir jouer du piano incognito!
Si le piano de l'hôtel de Téhéran était cadenassé (ramadan oblige?)


J'ai pu, sans complexe, jouer sur celui d'Ispahan!



Question subsidiaire: extincteur, en farsi, ne serait-ce pas un nom féminin.. vu comme ce dernier est caché par des magnets, je m'interroge..



Enfin, éclat de rire général à la découverte de ces toilettes publiques à la signalétique bien genrée:




Et en bonus: un mail publicitaire reçu lors de notre séjour:



Maintenant, comme nous sommes encore dans notre trip iranien, nous sortons du ciné où nous sommes allés voir le film qui a obtenu la palme du meilleur scénario à Cannes cette année, j'ai nommé:




lundi 11 juin 2018

Ciboulette au pays des merveilles: plantons le décor.

Ne croyez pas que je vais vous laisser comme cela avec mon voyage en Iran.
Avant de vous narrer mes aventures, une présentation (rapide, rassurez-vous) du pays s'impose.

Tout d'abord, un peu de géographie, très sommaire:



Le pays est grand: la superficie est 3 fois plus grande que la France, et ses limites vont de la mer Caspienne au nord, au golfe Persique au sud.

Ses voisins sont plutôt remuants, puisqu'il s'agit de l'Irak, la Turquie,l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Turkménistan, l'Afghanistan et le Pakistan.
En face, le Qatar, le Koweit, Oman et les Emirats arabes unis.

C'est un grand plateau en altitude, de vastes déserts salés, encadrés de 2 chaînes montagneuses: l'Alborz, au nord de Téhéran, et le Zagros à l'ouest.
Vous l'aurez deviné, un des gros problème de ce pays c'est.. la chaleur et l'eau!
D'où l'invention de ces systèmes de canaux, de tours du vent, de glacières et de citernes:




De Téhéran, où il faisait chaud, on pouvait voir les neiges sur le mont Damavand (5 671m, le Mont Blanc peut aller se rhabiller), derrière, c'est la mer Caspienne!


Passons à mes motivations premières pour avoir voulu visiter l'Iran: son histoire!

Histoire très ancienne, que l'on peut faire remonter à 7 000 ans avant J.C.
Sautons d'emblée à -1 200, avec les Elamites, puis les Mèdes, dont la capitale, Suse, sera détruite par les Assyriens en - 648.

Arrivent, les Achéménides, qui régneront tout de même de -700 à -330 ans.
Là, vous vous demandez de qui je parle, alors que vous connaissez!

Mai si, Cyrus I, dont nous avons vu le tombeau:


Darius le Grand, qui fit ériger Persépolis!


C'est également à cette époque que la religion mazdéenne s'oriente vers le zoroastrisme, (dont je vous ai montré les tours du silence dans mon dernier post), première religion monothéiste avec son  prophète Zarathoustra et son dieu au nom extraordinaire: Ahura Mazda, dieu du feu éternel, créateur du ciel et de la terre, dont voici l'emblème:


Donc, vous aurez reconnu les références de Nietzsche, Wagner, et le nom d'une marque de piles!
Vous connaissiez donc les Achéménides sans le savoir.

Encore un grand pas, et en -330, Alexandre le Grand, arrive,  détruit Persépolis et meurt 7 ans après.

Petit aparté, je vous invite à lire, ou à relire le roman  "Pour seul cortège" de Laurent Gaudé dont le point de départ est la mort d'Alexandre..

Enjambons encore les siècles, et voici qu'après les Séleucides et les Parthes (époque de Mithridate et un personnage au nom connu: Artaban, dernier roi Parthe ), voici qu'arrive en +224, jusqu'à l'invasion musulmane,  la dynastie des Sassanides!

Apogée de la civilisation et de l'extension du royaume perse, la dynastie laisse également des vestiges, non loin de Persépolis, puisqu'elle se sera opposée à l'empire romain et que son roi, Shapour Ier aura capturé l'empereur Valérien, dont vous voyez ci-dessous le bas relief représentant la scène.


Visez un peu l'ensemble de ce site, où je me suis prise un moment pour Indiana Jones cuisant sous la chaleur!



En 661, c'est la conquête arabe, avec le califat de Damas, l'islamisation du pays, qui durera jusqu'à l'invasion Seldjoukide, (les ottomans/turcs) et verra l'apogée de la poésie persane avec Saadi (vous souvenez vous de ce poème: "les roses de Saadi?),  puis mongole par.. Gengis Khan!

En 1381, c'est au tour de Tamerlan d'envahir l'Iran, les Timurides, donc, régneront jusqu'en 1 500.

Vous voyez qu'on se rapproche!
En 1502, grande date, l'Iran se convertit au chiisme, c'est l'époque, pour 2 siècles, des Safavides , et la rencontre  avec notre civilisation: rappelez-vous: Montesquieu et les" lettres persanes" parues en 1721, je suis sûre que vous les avez étudiées..

Et là, reconnaissez-vous Louis XIII?



Reste une dynastie à part,celle des Qajar,  qui aura régné de 1797 à 1924, et laisse encore dans le pays le souvenir d'une série de rois fainéants, qui n'aura de cesse de faire ériger de somptueux palais, mausolées, jardins pour son propre plaisir, en se désintéressant totalement de son peuple, des infrastructures du pays, de la sécurité, de l'éducation..

A partir de 1721, l'histoire rapproche vraiment nos pays, nos continents. la Russie, l'Angleterre, les Etats Unis.. tout le monde interviendra dans ce pays avec l'histoire que l'on connaît maintenant: Reza Khan qui fondera la dynastie Pahlavi et aura la très mauvaise idée de s'allier avec le IIIème Reich, abdiquera pour son fils Mohamad Reza Shah, la révolution iranienne et l'institution de la république islamiste  avec l'imam  Khomeiny , la guerre avec l'Irak .. vos connaissez la suite..



Certes les Qajar ont laissé tomber la gestion de leur pays.

Mais qu'ils sont beaux ces palais, ces fresques, ces miniatures...un peu kitsch, parfois, mais quel choc, lors de la découverte du palais Golestan à Téhéran...



Prochain épisode, promis, moins didactique: mode et cuisine!





samedi 9 juin 2018

Ciboulette de retour d'Iran.


Nous voici rentrés depuis mardi soir de notre périple iranien.
J'avais besoin d'un peu de temps pour les activités pratiques (lessives, courses..), et surtout pour décanter les impressions de ce voyage.

Alors, je le confirme, l'Iran est une destination fabuleuse, et nous avons bien fait de ne pas écouter les commentaires effarés allant de "mais vous êtes fous?", à  "vous n'avez pas peur?", entendus lorsque nous annoncions notre voyage dans cette contrée chiite.

Bon, nous nous étions inscrits en septembre dernier, et n'avions pas prévu les annonces tonitruantes de certain leader juste avant notre départ.. qui nous ont finalement valu un accueil enthousiaste des iraniens, ravis de voir des touristes oser venir visiter leur pays.

Voici donc un premier topo de notre séjour.
Le programme des visites tout d'abord:




Notre moyen de transport pour ce périple, le bus, piloté par un chauffeur, un aide-chauffeur, sous la houlette bienveillante de notre guide, Ali, berger de notre troupeau de 29 français.



Le climat, chaud, très chaud!
Il faut donc se lever très tôt si on veut pouvoir visiter Persépolis sous 38° à l'ombre (sans ombre) et avec un foulard sur la tête,



Climat donc chaud, et sec.. les ponts d'Ispahan enjambent le lit complètement desseché de la rivière.




Mais c'est également un pays où les villes se dotent de fabuleux jardins et fontaines pour pallier cet inconvénient météo:


Y compris dans les bazards!



La beauté y réside partout, dans ses mosquées, ses mausolées,


ses miniatures, ses tapis, ses fresques (reconnaissez vous Louis XIII?)


Jusqu'à la présentation des épices!


Avouons-le, question mode, ce n'est pas top..la miss météo locale n'est pas celle de Canal +


Pour la nourriture.. un régal de tous les sens, odeurs, couleurs, saveurs..
Malgré le ramadan, les restaurants étaient ouverts pour les touristes,  refermaient très vite leurs portes lorsque nous étions rentrés, et nous servaient des menus.. copieux, (même si très souvent semblables).


Là, c'est un des plats du menu pour 4 personnes..

Infrastructures routières parfaites, villes d'une propreté dont on pourrait s'inspirer, hôtellerie haut de gamme, amabilité et culture des iraniens: un guide qui vous récite des poèmes persans, un vendeur de pistaches qui vous parle philosophie.. tout cela fut vraiment un enchantement.

Restent quand même quelques gros problèmes: la situation économique, politique... sans oublier celle des femmes!

Pour les touristes que nous étions, le farsi, est incompréhensible, tant à l'oral (normal), qu' à l'écrit:  lire le panneau d'affichage de notre vol retour fut impossible , heureusement beaucoup de citadins parlent anglais ou français, 3 calendriers en vigueur, et pour ma part, manger proprement avec un voile sur la tête, et pire, utiliser dans cet accoutrement des toilettes à la turque fut un véritable défi!

Je reviendrai bientôt sur ce voyage, profondément déroutant. .