lundi 10 novembre 2014

Attention: chef d'oeuvre à lire sous réserve de présentation d'un certificat médical!

Mieux vaut être prévenu, le livre ci-dessous est un chef d'oeuvre, mais on n'en ressort pas indemne.


 Résumé de la quatrième de couverture:" des siècles après la fin de l'Homme Rouge, des morts-vivants, des princesses et des corbeaux s'obstinent à poursuivre le rêve soviétique."

 C'est court, pour un bouquin de 617 pages, et pourtant, ça m'a donné envie jeudi dernier dans ma librairie, je suis partie avec et l'ai dévoré ce week-end.
L'ayant fini vers 1 heure du matin, je n'en ai pas dormi de la nuit.
Peu de livres m'auront fait un tel choc!

J'ai trouvé sur le net un résumé un peu plus conséquent à vous soumettre:
"Taïga sombre et immense, steppes infinies… La scène se passe d’abord après l’irradiation complète de la Sibérie et l’écroulement de la Deuxième Union soviétique, puis des siècles plus tard. La région, dévastée par des accidents nucléaires, est à jamais inhabitable. Entourés de paysages grandioses, des soldats fantômes, des morts vivants et d’inquiétantes princesses s’obstinent à poursuivre le rêve soviétique. Désormais le centre du monde a un nom, Terminus radieux, un kolkhoze dont la pile atomique s’est enfoncée sous terre. Solovieï, le président du village, met ses pouvoirs surnaturels au service de son rêve de toute-puissance : vie et mort, amour éternel, renaissance. Assisté par l’immortelle Mémé Oudgoul, il règne en maître sur le destin des hommes et des femmes qui ont atterri là. Non loin du kolkhoze passe une voie ferrée où circule un unique convoi, toujours le même. Prisonniers et militaires cherchent en vain le camp où leur errance prendra fin. Mais, là encore, Solovieï ordonne l’histoire. Il leur faudra attendre des milliers d’années pour que s’éteigne sa présence dans leur cauchemar."

J'admire déjà le rédacteur de cette synthèse qui détache les faits de ce roman fourmillant.
Mais, l'intérêt et la fascination que suscitent ce livre ne résident pas dans le seul récit.

L'auteur vous plonge dans  un univers où l'espace-temps n'existe plus, les siècles s'étirent pour les personnages principaux, qui ne savent plus s'ils sont morts ou vivants ..ils marchent, de plus en plus fatigués, dépenaillés,se croisent,  se perdent dans l'immensité du paysage, dans leurs souvenirs, réels ou fantasmés, telles des marionnettes d'un cauchemar éveillé.
Tout est rythmé par les incantations chamaniques d'un personnage tout-puissant, incantations absolument incompréhensibles mais d'une poésie hantée et magique qui s'adresse directement à un lieu secret de notre esprit..

Tout ici est contradictoire et déconcertant: les morts ne le sont pas tant que ça, les vivants sont peut-être morts et ne le savent pas, soldats et prisonniers d'un même train filant vers un "camp" rêvé où la vie aura enfin un sens, qui échangent leurs rôles, le chaman immortel se transforme en corbeau qui survole les terres irradiées et finit par se lasser lui aussi de son éternité, le froid glacial cohabite avec le feu des piles atomiques en fusion..

On plonge dans ce livre sans se douter de ce qui nous attend.
Peu à peu, comme envoûtés, on doit lâcher nous aussi nos repères spatio-temporels, stylistiques, logiques, on se retrouve à errer dans ce roman fascinant, à se révolter également parfois comme les personnages (ah, non quand même, c'est trop, je ne comprend plus rien!), et à déguster les délires poéticos-délirants qui nous sont imposés..
Quand le livre se termine, on se retrouve hébétés.. avant de réaliser que nous  avons, en fait accepté d' être  les marionnettes hypnotisées  de l'auteur!

Heureusement, le soleil brille ce matin...
J'ai un peu l'air d'un zombie, mais je viens de secouer ma poussière radio-active sous la douche, j'ai encore des cheveux, hop, la vie est belle!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire