Hasard ou mystère autour de l'échiquier de St Louis

Comme je vous l'avais dit, je m'en vais donc vous narrer mes aventures au musée de Cluny, dit "le musée du Moyen-Age".

Samedi matin, profitant du temps glacial et neigeux, mon mari et moi avons pensé que ce serait le moment idéal pour aller voir l'exposition qui nous intéressait à Cluny, à savoir "Art du jeu, jeu dans l'Art", où sont exposés tous les plus anciens jeux découverts depuis la nuit des temps, osselets, jeux de dés, d'échecs..

Comme prévu, il n'y avait pas foule, ce fut donc un plaisir que de déambuler dans l'un de mes musées préférés, de faire un coucou au passage à ma copine, "la Dame à la licorne" (dommage qu'un de ses panneaux soit en restauration, il en manque un!) et de découvrir les merveilles de ces jeux en question.
Dès l'entrée d'ailleurs, un gigantesque échiquier vous donne le ton.

Jusque là, rien de mystérieux me direz-vous, à part le fait que je sois volontaire pour sortir sous la neige.

Oui, mais j'aime encore moins faire la queue, et Cluny sous la neige, c'est quand même magique!

Mais reprenons.
Au cours, de la visite, je tombe en arrêt devant ce fabuleux "échiquier dit de St Louis":

Le choc que j'ai eu tient tant à la beauté de l'objet, que la veille, j'avais lu une des 22 nouvelles du recueil de Jean-Marie Blas de Roblès; "mémoire de riz" intitulée justement "l'échiquier de St Louis" et qui m'avait fascinée..
L'enjeu de la partie entre Saint Louis et le prince Al Jahim, n'est autre que la paix et durant le jeu, les souvenirs du roi se retrouvent dans les scènes des vitrines transparentes disposées sous les pions..

Et là, juste sous mes yeux, se trouvait l'échiquier en question..

De retour chez moi, je me précipite sur mon livre, relis la nouvelle, nul doute, il s'agit bien du même échiquier!

Je ne peux m'empêcher de vous citer sa description par Laura Heurteloup:
"Façonné à partir de cristal de roche (blanc), de quartz enfumé (noir), de bronze et d’argent, le plateau a été fabriqué en Allemagne, et les pièces en France. Son aspect cristallin, sa transparence et la finesse des détails lui confèrent une force vive, témoignage du savoir-faire, de la maîtrise des matériaux et de l’imagination des artistes de l’époque : sous chaque plaque transparente (32 carrés), entourée de baguettes d’argent, apparait une petite fleur délicate aux pétales légers en émail rouge et vert, alternant avec d’autres fleurs en argent doré.
Soutenu par quatre angelots dorés et une forêt de végétaux, le plateau est entouré d’un cadre composé de huit compartiments - recouvert de plaques de cristal de roche - qui regorgent de détails, de symboles et de poésie. Une colonie de petits personnages en buis, civils ou militaires sont figés comme des gardiens maléfiques assurant la protection de ce jeu princier. Assis ou à cheval, ils déambulent dans leurs habits rouges et bleutés."..

Malheureusement, la vraie Histoire est cruelle pour mon imaginaire parti en vrille.
La réalisation de cette pièce date de 1480 environ.
Comme vous le devinerez, St Louis était mort bien avant et n'a donc jamais pu jouer avec.. D'ailleurs, il avait interdit dans sa Grande ordonnance de 1254 ce "jeu de mauvaise réputation coupable de troubler la moralité publique"..

Il reste cependant l'énigme de la disparition de la pièce majeure.. la reine noire perdue par Louis XVIII!