lundi 29 juillet 2013

La cravate et le glagolitique.

J'avoue être très fière du titre de ce post.
Abscons à souhait.

Je reviens de mes vacances avec mon mari en Croatie, lieu de notre voyage de noces il y a 30 ans de cela.

Je vous avais déjà annoncé mon programme, je n'y reviendrai pas cette fois, sachez seulement qu'à chaque étape de notre périple, je n'avais pas envie de quitter le lieu où nous nous trouvions, c'est tout dire.
Vous aurez peut-être droit à quelques photos une prochaine fois.
Randos, vélo, bateau, visites.. je suis rentrée claquée!

Mais revenons donc à l'intitulé de ce post qui sera pour une fois didactique.
On peut aussi se cultiver pendant les vacances, et pas seulement avec un bouquin affalée à la plage.
Surtout que les plages croates, au demeurant très belles, sont plutôt caillouteuses et pas très confortables.

Pourquoi donc la cravate pour parler de mes vacances?

J'avoue que certaines affiches, tant dans l'aéroport que dans les villes, me laissaient perplexes:

La plus incongrue pour moi, étant celle-ci:

Jusqu'à ce qu'un prospectus dans une chambre d'hôtel me donne la réponse: la cravate est une invention.. croate. Bon sang, mais c'est bien sûr! Cravate, croate..il y a comme une ressemblance phonétique, vous ne trouvez pas?
Voici donc l'histoire de la cravate-croate, pompée sur Wikipédia (le prospectus en question étant rédigé en croate, allemand ou anglais, je ne vais pas tenter une traduction):

"La cravate était un attribut vestimentaire particulier d'un régiment de hussards croates créé sous Louis XIII, et dont l'uniforme comprenait une écharpe blanche dont la mode gagnera la Cour de France. Ce régiment de cavalerie légère recevra de Louis XIV, en 1666, le nom de Royal Cravate. Il est aujourd'hui le 10e régiment de cuirassiers de l'armée française. Le mot cravate tire de là son origine, une déformation du mot croate.

La mode du port de la cravate en Europe paraît débuter au XVIIe siècle. Elle commence alors à remplacer les jabots de dentelle, qui eux-mêmes avaient supplanté les fraises, plus encombrantes et certainement moins confortables. La cravate est alors généralement une large bande de coton ou de lin, décorée de dentelles. Cette bande est enroulée autour du cou et nouée sur le devant en laissant pendre les deux extrémités.

Sous Louis XIV, on commence à agrémenter ce nœud de rubans multicolores. C'est également le Roi Soleil qui crée la « fonction » de « cravatier ». Celui-ci dépend du « Grand Maître de la Garde Robe » dont la charge a été créée en 1669. Le cravatier appartient donc aux services de la chambre du roi et a le statut d'écuyer. Sa fonction est alors de choisir et d'ajuster la cravate du roi, mais également les boutons de manchette et les diamants."

Je pense que pour certains de nos politiques, la fonction de "cravatier" serait à recréer, diamants en moins.

Enfin, pour expliquer cette photo:
j'ai également trouvé son explication sur Google!

"Patrie de la cravate, la Croatie se devait d'être logiquement aussi celle de la plus grande cravate du monde ! C'est chose faite depuis le 18 octobre 2003, lorsque, à l'initiative de la très sérieuse Academia Cravatica, une cravate de 808 mètres de long sur 25 mètres de large fut nouée, en moins de onze heures, autour des arènes romaines de Pula. Il aura fallu pas moins de 8 250 m² de tissu, 120 kilomètres de fil et 300 heures de travail pour confectionner cette cravate titanesque pesant 450 kg..."

Je finirai mon cours sur la cravate par ces deux citations exquises:

"Une cravate bien nouée est le premier pas sérieux dans la vie"
Oscar Wilde

"Le noeud est à la cravate ce que le cerveau est à l'homme"
La Rochefoucauld .

Je vous rassure, nous avons gardé nos shorts et tee-shirts en vacances, sans y rajouter de cravate!


Passons maintenant au glagolitique, ma seconde grande découverte en Croatie..
Mais keskséksa me direz-vous?

Là aussi, première surprise, sur certains monuments antiques, outre le traditionnel latin, nous avons vu des inscriptions dans une langue ressemblant au cyrillique ou au grec, mais selon l'adage: "si ça ressemble, ce n'est pas", nous avons du nous renseigner, et là, surprise, il s'agissait d'une langue dont je n'avais jamais entendu parler, ignare que je suis,le fameux "glagoglitique".
Pourtant, j'ai travaillé à l'Inalco (ex Langues' O) où j'avais découvert l'enseignement de langues aussi surprenantes que l'inuktitut, le chleuh ou le houilaou, mais celle-là??

C'est une adorable petite religieuse dans le musée d'art sacré de Split qui nous en a donné l'explication, vous n'allez donc pas y couper, et puis, ça peut toujours faire un sujet de conversation dans une soirée.

Tout d'abord, voici à quoi ressemble l'alphabet glagolitique:
.
Sur les textes, ça donne ça:
Vous le constaterez, c'est du chinois! Oups, non, du glagolitique..

Pour frimer encore un peu, vous pourrez expliquer l'étymologie du nom de cet alphabet:

Il vient d'une racine vieux slave glagolu (« son ») dont la construction est similaire au « blabla » français et dont dérive le verbe глаголати (« parler » et, pour reprendre notre exemple, « blablater »).
Là, je vous assure un franc succès dans vos soirées.

Donc, l'alphabet glagolitique est une particularité croate .
"Il tient son origine de la volonté de christianisation de la Grande-Moravie par 2 saints venus de Thessalonique : Saint Cyrille et Saint Méthode, vers 863.
Pour diffuser « la bonne parole », ils mirent au point cette graphie, en s'inspirant du grec cursif.
A l'origine l'écriture était arrondie puis est devenue de plus en plus anguleuse au fil des siècles.

Cette écriture a été utilisée dans les textes religieux jusqu'au XIX° siècle. Dans la vie profane, elle s'effaça au profit de la graphie latine.
Selon certains spécialistes, elle serait (en partie) à l'origine de l'alphabet cyrillique.

En utilisant le glagolitique, la Croatie était le seul pays qui avait l'autorisation de la papauté de faire usage d'une autre langue que le latin pour la liturgie. C'est ainsi que le premier missel en glagolitique a été imprimé en 1494.

Anecdote curieuse : une partie du « texte du sacre » de l'évangéliaire de Reims sur lequel les rois de France prêtaient serment est rédigée en glagolitique."

Enfin, j'ai découvert que cette langue n'est pas une langue morte, elle est encore usitée lors de cérémonies religieuses, et encore plus surprenant, que le compositeur (pourtant tchèque) Léos Janacec a composé en 1926, à l'âge de 70 ans "la messe glagolitique"!


J'arrête là mes délires glagolitiques pour finir par quelque chose de plus soft, je sens le mal de tête vous gagner, le coucher du soleil à Zadar:








1 commentaire:

  1. On aurait pu ajouter que l'on trouve en Croatie des cravates portant des inscriptions en glagolitique, ce qui justifie le rapprochement des 2 sujets dans un post

    RépondreSupprimer