vendredi 23 février 2018

Beau comme la rencontre fortuite d'une machine à coudre et d'un parapluie.. ou les extraordinaires coïncidences d'un livre et d'un film

Je vous l'ai déjà dit: je suis toujours plongée en hibernation, et, en attendant l'arrivée du printemps, je bouquine et pianote.


Clin d'oeil du hasard, ou pure coïncidence, voilà que dans le même temps, je finis un livre et vais voir un film qui n'ont absolument rien en commun, si ce n'est la thématique du rôle de la vie personnelle d'un artiste sur sa création, et peut il exister sans elle?



Oui, je sais, je fais fort, ce soir.

Donc, le livre en question, c'est le dernier Ian Manook, qui nous avait pendant trois ouvrages fait suivre les aventures de son personnage Yeruldelgger en Mongolie.

Changement radical de cadre, puisqu'il nous emmène cette fois au Brésil!


Ambiance moite, poisseuse, la jungle amazonienne, les sales bestioles,les pluies diluviales, les indiens, les colons, un pays en construction miné par la corruption et la violence. Une histoire passionnante, d'amour, de trahison, d'aventures..mais, pas que.

Le Brésil où revient après 30 ans un écrivain français qui y a vécu une existence mouvementée dont il a tiré un livre qui lui a valu le succès.
C'est à ce titre qu'il est invité à Pétropolis, dans la maison où Stephan Zweig s'est suicidé avec sa compagne, pour y tenir une conférence.

Rien ne se passe évidemment comme prévu, puisque son hôte n'est rien moins qu'un des personnages dont il s'est inspiré dans son livre pour en faire un parfait salaud, et qui va l'obliger sous la menace d'une arme, à lire toute une nuit son roman à voix haute pour lui faire avouer la vérité de ce qui s'est réellement passé il y a 30 ans.

Et pendant toute cette nuit, l'écrivain s'il avoue les mensonges, les lâchetés, les meurtres qu'il a réellement commis, tente en même temps de faire comprendre à son interlocuteur le rôle de l'écriture qui utilise le réel, le transforme le tord, pour aboutir à sa création, création qui lui permet également de se justifier et de s'absoudre.

Maintenant, vous allez sans doute vous demander si je ne perds pas la boule quand je vous dirai que j'y ai vu un parallèle avec ce film extraordinaire de Paul Thomas Anderson:


L'Angleterre, un grand couturier corseté dans les exigences de son art, une soeur protectrice, des couturières, des grandes dames qui viennent essayer des tenues somptueuses, muffins, scones, thé, bals.
Ce grand couturier tombe amoureux, et cela va troubler sa vie bien réglée, celle qui lui permet de se donner tout entier à ses créations.

Il veut se débarrasser de celle qu'il aime pour retrouver sa tranquillité, mais c'est également sa muse.. et surtout sous ses apparences de jeune fille soumise,  elle ne se laisse pas faire.
Mais je ne veux pas spoiler le film.. allez le voir!

 Rien à voir avec la forêt brésilienne, les anacondas, les pirogues sur l'Amazone, la crasse sous la chaleur moite..
Ici, la cruauté ne se manifeste pas à coup de poings ou de fusil, de morsures d'animaux dangereux, mais le venin se distille à coups de biscottes craquées, d'ourlets décousus, de regards condescendants.. et il n'en est pas moins malsain!

Oui, mais.. une même interrogation sur le rapport de l'artiste au réel: la création lui permet-elle de le transformer, ou est-il vampirisé par elle??

Je vous laisse le week-end pour méditer la question.
Vous avez également le droit de vous demander si je n'ai pas l'esprit tordu..







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire