mardi 20 janvier 2015

En route pour le passé!

Je viens de réaliser quelque chose de surprenant ce matin en rangeant les bouquins dont je venais de finir la lecture, ils parlent tous du Moyen-Age!

Les troubles auxquels nous sommes confrontés en ce moment m'ont fait inconsciemment reprendre le chemin de l'étude d'un siècle  pour lequel j'ai toujours éprouvé une fascination certaine: le XIIème.
Le siècle de la vraie renaissance intellectuelle, sociale et culturelle.

Je sais, ce n'est pas jeune, mais on y retrouve toutes les questions et réponses qui ont fondé notre civilisation actuelle et dont nous reproduisons les codes sans en être conscient..


Lecture donc, de plusieurs bouquins:
La naissance du purgatoire de Jacques Le Goff, (dont j'avais lu cet été le fabuleux St Louis)


Cette question m'avait travaillée un bon moment: par quel cheminement la société et l'église ont-elles inventé ce concept qui n'existe nulle part dans la Bible??
Réponse en 500 pages très denses et rédigées avec une police minuscule.. passionnant malgré tout!
Et oui, les théologiens du XIIème ont voulu offrir un espoir de rédemption.. entre l'enfer et le paradis, il y avait encore un moyen de salut..mais les cheminements intellectuels pour le proposer à la représentation  furent divers et variés, souvent pseudo-scientifiques!
On rigole, on rigole, mais finalement lorsqu'il y a eu ce Noël le débat sur la présence de crèches dans les lieux publics, et que je me suis vue me poser la question  pour la première fois "Oui, tiens, au fait, la crèche, laïque ou culturelle"?, ça valait bien l'interrogation du XIIéme siècle: "A la résurrection des corps, ceux ci seront-ils nus ou pas"? (pour info, la réponse donnée à l'époque, nus, comme Adam et Eve avant la faute, mais revêtus de lumière", Na!

Second bouquin: Une histoire du corps au Moyen-Age , de.. Jacques le Goff et Nicolas Truong.

Le résumé:
"Le corps a trop longtemps été oublié par l'histoire et les historiens. Or, il constitue l'une des dynamiques majeures de l'Occident. De l'abstinence des prêtres aux délices du pays de cocagne, du christianisme au paganisme, du rire au don des larmes dont saint Louis était dépourvu, de la mode vestimentaire aux sports, du célibat à l'amour courtois, d'Héloïse à Abélard jusqu'à saint François, le corps est le siège d'une tension fondamentale. À travers l'étude de la matrice de la modernité qu'est le Moyen Âge, Une histoire du corps au Moyen Âge aide à la compréhension du monde où nous vivons."

Beaucoup plus court (200 pages), et abordant tout un tas de question sur le vêtu/dévêtu, malade/bien portant/ le rire est il sérieux, l'interprétation des rêves, la sexualité, la façon de manger.. Une série de règles  se mettent en place à cette époque.. auxquelles nous nous soumettons encore aujourd'hui, sans le savoir!

Troisième bouquin, de Georges Duby cette fois: le chevalier, la femme et le prêtre.

"Que sait-on des origines et de l'histoire de l'institution du mariage, à la fois si menacée et si endurante ?
La cellule conjugale, cadre consacré, contrôlé par le clergé, ne s'impose qu'après une longue lutte qui culmine au xiie siècle, entre les guerriers et l'Eglise.
C'est l'histoire de ce conflit, long et spectaculaire, contre les prérogatives des seigneurs que retrace ce livre, pour déboucher sur un nouvel équilibre : celui de l'amour conjugal et de l'amour courtois
."
A sa lecture, j'ai pensé qu'on aurait du obliger la lecture de ce livre à tous ceux qui ont participé à la "manif pour tous" afin qu'ils sachent de quoi ils parlaient en brandissant "l'institution du mariage", qui n'existe sur le plan religieux que depuis.. le XIIIème siècle, et relisez Molière ou Balzac, l'acteur principal du mariage, c'est.. le notaire!

A ce stade de mon rangement, j'ai donc réalisé qu'il fallait que je lise quelque chose de plus récent, et suis donc allée faire un tour chez mon libraire pour qu'il me conseille un roman.
Je vous le donne en mille, je suis ressortie de sa boutique avec cet ouvrage:


 Très bien écrit, il a pour sujet principal.. Aliénor d'Aquitaine!! Si, si, je vous le jure!
"Depuis le XIIe siècle, Aliénor d’Aquitaine a sa légende. On l’a décrite libre, sorcière, conquérante : « le roi disait que j’étais diable », selon la formule de l’évêque de Tournai…
Clara Dupont-Monod reprend cette figure mythique et invente ses premières années comme reine de France, aux côtés de Louis VII.
Leurs voix alternent pour dessiner le portrait poignant d’une Aliénor ambitieuse, fragile, et le roman d’un amour impossible.
Des noces royales à la seconde croisade, du chant des troubadours au fracas des armes, émerge un Moyen Age lumineux, qui prépare sa mue."


 Qu'on se rassure, je vis au quotidien de façon tout à fait normale.
La saison des oranges amères étant venue, j'ai préparé mes pots de confiture, j'ai eu des visites, ce qui m'a permis de mijoter un tajine aux coings de derrière les fagots.. et je suis allée au ciné voir un film fantastique tiré d'une nouvelle d'Albert Camus dont on parle trop peu (et qui ne se passe pas au Moyen-Age):



  • Le synopsis:
    "1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté."

    Plus beau, plus humain que ce film... je ne vois pas!
    D'ailleurs, je ne résiste pas au plaisir de vous transmettre une critique que je partage entièrement:


    "Isolé dans une petite école agrippée à sa montagne, Daru (Viggo Mortensen), un instituteur, se voit contraint d’escorter jusqu’à la ville voisine, un villageois (Reda Kaleb) accusé d’avoir tué son cousin. Les prémisses de la guerre d’Algérie vont transformer leur périple en parcours du combattant… En adaptant cette nouvelle d’Albert Camus (« L’hôte » tirée du recueil « L’exil et le royaume »), David Oelhoffen lui apporte l’envergure visuelle des sublimes paysages de l’Atlas. Empruntant le sentier de la guerre, ce drame austère suit les pistes escarpées d’un western humaniste singularisé par le tandem formé par le charismatique Viggo Mortensen (s’exprimant dans un français très accentué) et l’impressionnant Reda Kateb. Deux âmes dérivant sur une montagne océan où l’armée française et les combattants du FLN, tels deux volcans entrant en activité, s’affrontent en escarmouches meurtrières. Pudique, à la fois aussi indifférente et vigilante que le regard d’un aigle observant les hommes comme un dieu indifférent, la caméra suit le parcours accidenté de cet Arabe hagard poursuivi par les siens, et de ce pied-noir arraché à sa volonté d’oubli. Réunis sur un radeau de la Méduse rocailleux emporté dans les courants belliqueux d’une Histoire qui ne les concerne pas, chacun affronte à sa manière, ses propres fantômes, avec cette mort aux trousses dévalant en avalanche sur un vieux monde colonial en pleine déliquescence. Austère mais profond, alternant le contemplatif et l’action, « Loin des hommes » nous rapproche indéniablement de l’humain…"

    Ca fait du bien...
     

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